Danaé Bouteille, cheffe de projet pédagogique nous présente le projet de l’expérimentation de la VAE-Inversée chez Compani

Nous accompagnons depuis 2018 la montée en compétences des professionnels du secteur médico-social, notamment sur la dimension humaine des métiers, et cherchons à rendre attractifs et à revaloriser les métiers du “Prendre soin”.

Fin 2023, nous avons été lauréat de l’appel à projet "VAE Inversée" du Ministère du Travail, pour former des faisant-fonction aides-soignants puis les accompagner jusqu'au passage de la VAE.

Cette formation répond à deux enjeux : la difficulté de recruter des aides-soignants diplômés et le manque de formation chez de nombreux faisant-fonction aides-soignants. L'obtention d'un diplôme d’état par le passage de la VAE va leur permettre de prendre confiance en eux et d'être mieux reconnus dans leur établissement.

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1. Présentation de la VAE-Inversée
2. Les avantages pour les apprenants et les structures
3. Le passage de la VAE
4. L'obtention du diplôme d'aide-soignant

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1. Présentation de la VAE-Inversée

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C’est une formation d’aide-soignant de 21 mois décomposés en 18 mois de formation sur son lieu de travail et 3 mois de passage de la VAE.

Notre objectif est de former des profils assez novices dans le soin en les accompagnant de trois manières différentes :

• Par un système de tutorat : un de leur collègue diplômé va les suivre durant toute la formation pour leur montrer les gestes techniques, les protocoles, et leur faire des retours sur leurs pratiques. Le tuteur est celui qui accompagne la montée en compétences quotidienne sur le terrain.

• Par des séances de réflexivité avec un coach Compani, qui va les aider à prendre du recul sur leurs pratiques et verbaliser leurs compétences pour les préparer à la VAE.

• Par des e-Learning disponibles sur notre application pour l’apprentissage des notions théoriques du métier d’aide-soignant.

Tout au long des 18 mois, les apprenants sont amenés à échanger régulièrement (tous les 3 mois environs) avec un architecte de parcours, l’objectif étant de faire le point sur leur progression.

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Le déroulé :

Concrètement, la VAE Inversée est conçue pour ne pas bouleverser outre mesure les plannings, ni des apprenants, ni des établissements.

Pour les séances de coaching, les apprenants sont détachés du terrain environ 5h par mois (non consécutives). Ils fixent à l’avance les dates de rencontre hebdomadaires avec leur coach. L’établissement met à leur disposition un ordinateur et une pièce au calme, ce qui est indispensable pour qu’ils se sentent à l’aise de partager leur quotidien avec leur coach et de revenir sur des situations de travail.

Avec leur tuteur, ils s’organisent en binôme pour trouver le mode de fonctionnement qui leur convient : soit ils fixent des temps formels de manière hebdomadaire, pour approfondir une notion ou un geste spécifique, prendre un temps de réponse aux questions etc… soit ils décident de se solliciter l’un et l’autre de manière spontanée.

Concernant les E-Learning, ils s’organisent eux-même pour se dégager du temps durant leurs pauses, ou bien lorsque la charge de travail est moins importante.

Conscients que la réussite de la formation dépend d’une bonne communication entre un apprenant et son établissement, nous souhaitons mettre à disposition des outils qui peuvent leur faciliter la chose.

Sur l’application Compani, chaque partie prenante peut avoir accès au planning de l’apprenant : les créneaux prévus avec son coach, son tuteur, et pour ses E-Learning. Ce planning étant visible de tous, il permet autant la coordination coach/tuteur que l’anticipation des réorganisations à faire sur les plannings du côté de l’établissement.

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Les profils des apprenants :

Parmi les personnes que nous accompagnons, deux types de profils se détachent :

• Certains sont déjà salariés dans l’établissement.

Agents de soin ou auxiliaires de vie avec plus ou moins d’ancienneté, ils ont peu à peu évolué vers le soin pour combler le manque d’effectif soignant. La VAE Inversée est l’opportunité de réapprendre les gestes qu’ils ont appris sur le terrain et de se questionner sur leur sens. Cela leur permet aussi d’approfondir leurs connaissances dans le soin et de s’approprier le vocabulaire médical pour le réutiliser dans les transmissions.

Nous observons que le fait d’être identifiés par leur direction pour la VAEI représente déjà pour eux une reconnaissance de la qualité de leur travail et de leur volonté de monter en compétences. Reprendre une formation leur permet aussi de gagner en confiance, et d’affirmer leur position dans l’équipe soignante.

• D’autres sont embauchés directement en vue de la VAE Inversée : soit entièrement novices, soit issus d’autres métiers paramédicaux (ambulanciers, brancardiers etc…) souhaitant changer de fonctions tout en restant dans l’univers soignant.

La VAE Inversée leur permet simultanément de trouver un travail et d’apprendre un métier.

La formation nécessite de signer un contrat de professionnalisation, qui peut faire office de contrat de travail initial CDD ou CDI si l’apprenant arrive dans l’établissement, ou bien d’avenant à un CDI. Dans le cadre de la VAEI, la signature d’un contrat de professionnalisation/CDD de 21 mois est une dérogation à la règle des CDD de 18 mois. Il permet le maintien du salaire antérieur.

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2. Les avantages pour les apprenants et les structures

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De ce que nous avons pu voir dans les établissements où nous avons lancé le parcours, la VAE Inversée peut créer une certaine émulation, une dynamique de formation : beaucoup de solidarité pour que l’apprenant ait du temps pour se former, et le droit à l’erreur. Les soignants ont à cœur de participer à la montée en compétences de leurs collègues.

La VAE Inversée est une chance pour certains profils éloignés de la formation, de bénéficier d’un accompagnement individuel, couplé d’un apprentissage sur le terrain.  La qualité de cet accompagnement individuel permet notamment d’adapter la formation aux besoins de l’apprenant, en axant la montée en compétences en priorité sur les axes de progression identifiés par l’architecte de parcours.

Le maintien de salaire induit par le statut de salarié en formation rend la formation très accessible pour les personnes qui ne peuvent pas se permettre de suivre une formation initiale en institut de formation : notamment pour de jeunes parents.

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3. Le passage de la VAE et l'obtention du diplôme

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Il faut compter environ 3 mois pour passer l’examen de la VAE.

La procédure se fait en 3 étapes :

1. Demande de recevabilité : Cette étape consiste à vérifier la recevabilité de la candidature de l’apprenant en justifiant la durée de l’exercice d’activités à caractère professionnel en rapport direct avec la certification d’aide-soignant. Avec la refonte de la VAE, cette étape a été allégée.
2. ‍Constitution du dossier de validation : C’est l’étape centrale du parcours de la VAE car elle permet au jury d’identifier les connaissances et compétences acquises par l’apprenant. L’objectif de ce dossier est donc de montrer ses compétences en racontant son expérience. Pour cela, un dossier de validation vierge sera fourni à l’apprenant qui le remplira, aidé par le coach, le plus précisément possible. L’apprenant y écrira des exemples de soins et d’activités réalisés et décrira avec précision les situations vécues. Les coaching et la prise de note progressive tout au long de la formation aideront l’apprenant à identifier ses expériences, à prendre du recul sur sa pratique, à identifier les compétences acquises et ainsi à rédiger ce dossier. Le jury basera ses questions sur ce que l’apprenant a rédigé dans son dossier, donc sur son expérience.
3. Le passage devant un jury : L’examen prend la forme d’un entretien oral devant un jury composé à minima de deux personnes qui peuvent être des professionnels du secteur ou bien des formateurs. Leur rôle est d’évaluer les compétences et connaissances que l’apprenant a acquis par l'expérience. Pour cela, le jury peut poser des questions sur :
   - Les motivations de la démarche de l’apprenant pour passer cet examen ;
   - Une ou plusieurs situations de travail que l’apprenant a rencontrées (exemple : le jury pourra lui demander d’expliciter à l’oral comment il déplace un patient de son lit à un fauteuil roulant) ;
   - L’environnement de travail associé aux situations rencontrées par l’apprenant ;
   - Le parcours de l’apprenant ;
   - Le contenu de son dossier de validation des acquis. Par ces questions, le jury vérifie que les acquis de l’apprenant correspondent bien aux compétences et connaissances exigées dans le métier d’aide-soignant.

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4. L’obtention du diplôme d’aide-soignant

Le jury est souverain dans sa décision d’attribuer ou non le diplôme à l’apprenant et rend sa décision dans les 3 semaines suivant l’examen oral.

Cette décision peut prendre 3 formes :

• La validation totale du diplôme : félicitations, l’apprenant devient titulaire du diplôme d’aide-soignant ! Le document officiel attestant de l’obtention du diplôme est ensuite transmis par voie postale. Ce diplôme a la même valeur qu’un diplôme obtenu après un parcours de formation classique.
• La validation partielle du diplôme : le jury n’a pas suffisamment d’éléments pour se prononcer ou bien estime que les acquis de l’apprenant ne correspondent que partiellement aux attendus du diplôme. Il valide donc uniquement le ou les blocs de compétences dont il a pu observer l’acquisition par l’apprenant.
• La non-validation du diplôme : le jury considère que les acquis de l’apprenant ne lui permettent pas de répondre aux objectifs du diplôme visé et refusent l’attribution du diplôme.